Une Histoire des Abeilles
Auteur : Maja LUNDE
Editeur : PRESSES DE LA CITE
Collection : -
Pages : 396
Pages : 396
Prix : 22,50€
Synopsis :
Angleterre, 1851. Père dépassé et époux frustré, William a remisé ses rêves de carrière scientifique. Cependant, la découverte de l’apiculture réveille son orgueil déchu : pour impressionner son fils, il se jure de concevoir une ruche révolutionnaire.
Ohio, 2007. George, apiculteur bourru, ne se remet pas de la nouvelle : son unique fils, converti au végétarisme, rêve de devenir écrivain. Qui va donc reprendre les rênes d’une exploitation menacée par l’inquiétante disparition des abeilles ?
Chine, 2098. Les insectes ont disparu. Comme tous ses compatriotes, Tao passe ses journées à polliniser la nature à la main. Pour son petit garçon, elle rêve d’un avenir meilleur. Mais, lorsque ce dernier est victime d’un accident, Tao doit se plonger dans les origines du plus grand désastre de l’humanité.
Ohio, 2007. George, apiculteur bourru, ne se remet pas de la nouvelle : son unique fils, converti au végétarisme, rêve de devenir écrivain. Qui va donc reprendre les rênes d’une exploitation menacée par l’inquiétante disparition des abeilles ?
Chine, 2098. Les insectes ont disparu. Comme tous ses compatriotes, Tao passe ses journées à polliniser la nature à la main. Pour son petit garçon, elle rêve d’un avenir meilleur. Mais, lorsque ce dernier est victime d’un accident, Tao doit se plonger dans les origines du plus grand désastre de l’humanité.
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Mon Avis :
Une merveille de roman que nous offre les Presses de la Cité en cette rentrée littéraire. Et un premier roman en prime.
Ce triptyque écologique est construit de manière remarquable et nous offre de multiples pistes de réflexion.
Angleterre 1851, Ohio 2007 et Chine 2098 : à travers ces trois lieux et temps, nous suivons trois personnages par chapitres alternés où nous est conté l'évolution des abeilles (cf synopsis).
William en Angleterre est un scientifique en dépression car il a le sentiment d'être passé à côté de sa vie. L'étude des abeilles et de leur mode de fonctionnement va le sortir de sa léthargie. Il va alors entreprendre la construction d'une ruche "révolutionnaire".
Ce personnage m'a été fortement antipathique car autocentré et parfaitement misogyne. Sa fille, Charlotte, lui est totalement indifférente alors qu'elle est seule à accorder du travail à son travail et même à lui faire avancer ses recherches. Evidemment, il s'en accapare les mérites et se garde bien de féliciter son enfant pour son intelligence.
"Je voulais quelque chose de différent, une ruche qui fût ancrée dans la civilisation, une petite maison pour les abeilles, avec des portes, des ouvertures par lesquelles il serait possible de jeter un coup d’œil. Elle devait être l'oeuvre de l'homme, car lui seul est capable d'inverser l'ordre de la nature et de la placer sous son contrôle, plutôt que le contraire."
George lui est un petit apiculteur qui souhaite continuer son métier "à l'ancienne". Il espère ainsi que son élevage ne sera pas toucher par "le syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles", le Colony Collapse Disorder. C'est-à-dire la disparition pure et simple des colonies du jour au lendemain.
Par ailleurs, l'auteure aborde avec le personnage de George le thème de la filiation. Nous avons des attentes pour nos attentes et il nous faut intégrer que malgré tout, ils feront sans doute différemment de celles-ci et seront différents de ce à quoi nous nous attendions. Et c'est très bien ainsi.
"J'aurais tant aimé que les agriculteurs continuent à utiliser les bonnes vieilles méthodes, qu'ils laissent les plantes se débrouiller seules, sans recourir à tous ces produits chimiques. Mais je savais que c'était peine perdue : les insectes nuisibles pouvaient vous ravager un champ à maturité en une seule nuit. Notre pays était trop peuplé, la nourriture trop bon marché et le reste du coût de la vie trop élévé pour que quelqu'un ose courir ce risque."
Tao, elle, a pour métier de polliniser la nature à la main. Le jour où son fils est victime d'un accident que les autorités ne semblent pas vouloir lui expliquer, Tao décide de rechercher elle-même ce qui est arriver à son enfant et va alors redécouvrir ce qui est arrivé à la planète.
Tao, tout comme Charlotte avant l'heure, exhorte les femmes à prendre les choses en main, à les faire elles-mêmes, sans ordres ou surveillances masculines. Contrairement à son mari fataliste et en ayant une confiance aveugle envers les autorités, elle n'hésite pas une seconde à défier les institutions pour comprendre ce qui est arrivé à son fils.
"L'extermination des insectes pollinisateurs, l'élévation du niveau de la mer, le réchauffement climatique, les accidents nucléaires et ce qui était arrivé aux Etats-Unis et à l'Europe, ces deux anciennes superpuissances qui, en l'espace de quelques années seulement, avaient tout perdu. Faute d'avoir su s'adapter, elles vivaient désormais dans la plus profonde pauvreté, amputées de la majeure partie de leur population, avec comme seules sources de subsistance le blé et le maïs. Alors qu'ici, en Chine, nous avions réussi à nous relever. Le Comité nous avait dirigés d'une main de fer et sortis de l'Effondrement en prenant un cortège de décisions que le peuple n'avait pas comprises, mais qu'il n'avait pas la possibilité de remettre en question."
Maja Lunde
Enfin, à travers ce texte, l'auteure nous permet de remettre en question notre mode de consommation et notre agriculture actuelles qui, clairement, ne permettront pas à la planète de perdurer telle qu'on la connaît aujourd'hui.
Notre ambition de vouloir contrôler la nature depuis des siècles maintenant est une grave erreur : le résultat dans ce roman est la disparition des abeilles et autres insectes. Or, nous apprenons ici l'importance qu'ils ont dans le bon déroulement des saisons et de la Terre entière.
Le devoir de l'Homme est seulement d'accompagner au mieux la nature, de travailler en harmonie avec elle et non de la modifier ou manipuler pour en extraire toujours plus.
En conclusion, un très bon roman qui pousse à la réflexion et qui est parfaitement maîtrisé par l’auteure dans la construction de ces histoires imbriquées. Je répète, une merveille de roman. Lisez-le.
18/20
Merci à Netgalley et aux Presses de la Cité pour leur confiance.
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